mine infernale
26 novembre 2010 Un commentaire
J’avais aucune idée où j’étais précisément ni quelle date nous étions. J’étais sûrement à au moins 6 km sous terre et il était sûrement bientôt midi car mon ventre gargouillait. Il fallait aussi que je travaille. Travailler encore des heures et des heures jusqu’à ce que mon corps ne soit plus capable de soulever la pioche ou d’avancer. Ça ne demandait pas un gros cerveau pour creuser un trou mais ça pouvait nous coûter la vie si on le faisait mal. Notre vie, car environ une centaine de mineurs mourraient chaque année.
Nous étions surexploités sans toucher un sou. Nous étions surexploités totalement. Pour le dirigeant de la compagnie, ça faisait son affaire. Des employés qui ne coûtent presque rien, juste un peu de nourriture et un logement. C’est minable comme condition de vie. La mine était en quelque sorte une prison. La mine était différente des autres je ne sais pas quoi, mais il y avait une atmosphère étrange et intrigante. Quand on y rentrait, on n’y ressortait pas avant la fin de notre peine. C’était soit 60 ans dans une prison ou le quart dans la mine. Il me restait encore toute la vie à découvrir. Je devais avoir environ 16 ans.
Cela faisait déjà 3 ans que je m’étais fait arrêté par la police pour tentative de meurtre. Ce n’est pas ma faute si ma fusée n’a pas bien décollé et qu’elle s’est retrouvée au-dessus de la maison des Smith. Par chance, il n’y a eu aucun mort ni blessé, mis à part leur maison. Elle était à moitié détruite comme si une météorite avait atterri, par malheur, sur leur maison. Cela avait créé une si belle explosion. Il y avait du rouge, du bleu avec un mélange d’orange et jaune. Je n’avais jamais vue une explosion si bien réussie. Mais cela m’a value une belle arrestation et 15 ans à errer dans une mine où l’on exploitait du minerai de fer. Le fer était une source très importante à cette époque. La mine se trouvait dans le coin du puits de la mine de Voreux à Montsou. Pendant la révolution industrielle, il fallait avoir du fer pour pouvoir évoluer. J’étais quand même bien traité à la mine.
On m’avait surnommé le « P’tit Christ » car j’avais survécu à deux explosions et que j’étais supposé être mort depuis au moins une dizaine de fois. Sinon, mes amis, eux, me surnommaient Jo Louis. Cela simplifiait mon nom et c’était moins compliqué de prononcer Jo Louis que Jean-Louis Duvignoble. Les premières semaines dans ce trou sont les plus pénibles. Même l’enfer était moins pire que cela. Nous gelions, c’était humide, nous avions de la misère à respirer. On dirait qu’ils voulaient que nous mourions la première semaine, la preuve, nos premières tâches consistaient à placer de la dynamite dans les galeries. Si nous ne courions pas assez vite et bien nous exploserions en mille morceaux ou nous étions écrabouillé, par de la roche, parterre. Chaque groupe était constitué de 5 à 8 mineurs et ils avaient leur galerie. Moi, j’étais dans la dernière avec mes collègues, Jean le plus âgé, Young l’immigrant illégal, Grégoire qui devait avoir environ une vingtaine d’années et John l’anglophone du groupe. C’était ma famille en quelque sorte. Je mangeais, dormais et travaillais avec eux. Il y a eu aussi Marc mais, il n’a pas résisté à plus de trois semaines. Il s’est tué avec de la dynamite dans la bouche.
Il fallait avoir des nerfs d’aciers pour ne pas mourir. On travaillait sous-pression, je dirais même plus que ce que je faisais était le pire travail au monde. Aujourd’hui, c’est un grand jour pour nous. Notre contre maitre nous donne la permission de sortir de la mine, si nous dynamitons la dernière galerie, la notre. À vrai dire, ce n’était pas la dernière, il y en avait une autre en dessous. Une galerie créée par une ancienne rivière souterraine sûrement. En tout cas, Monsieur Lavois, notre contre maître, voulait découvrir ce que c’était. C’était comme signer un pacte avec le diable. La chance que nous ressortions tous vivant était minime. Il allait y avoir du sang mais aussi de la liberté. Ils devaient se mettre tous en accord sur une décision. Nous étions cinq à avoir notre opinion. Jean s’en foutait. S’il sortait de ce trou infernal, sa vie recommencerait sûrement à zéro, car sa femme était probablement morte ou remariée. Il était rentré dans la mine à trente-huit ans sans cheveux blancs et sortirait tout blanc, tout ridé. Mais je l’avais convaincu que s’il sortait vivant et que moi aussi, nous allions vivre ensemble.
Young avait sa famille qui l’attendait. Il lui restait environ dix ans, dix ans de trop. Il recevait des photos et des lettres quotidiennement de sa femme Rui, sa fille Nira et son fils Liang. Il les voyait grandir, vieillir et maturé. La seule chose qu’il voulait, c’était sortir. Sortir de cette mine, de cette prison, de cet asile de fou, de cet enfer qui grugeait sa vie. Il mourrait de plus en plus dans celle-ci. Il attendait sa liberté comme on attend sa mort.
Grégoire, lui, était assis entre deux chaises, une de la liberté et l’autre de la mort. Il lui restait cinq ans si tout allait bien pour lui. Un gros dilemme rageait dans sa tête. Soit qu’il sortait tout de suite ou dans cinq ans, mais s’il voulait sortir maintenant, cela comporterait de grands risques. En plus, il n’était jamais chanceux pour ce genre de chose.
John lui ne parlait pas. Il ne comprenait rien du tout. Lui, il suivait. Nous aurions pu lui demander de sauter dans un trou et il l’aurait fait. Je ne sais pas grand chose sur lui, mais il était un grand homme. J’ai pu comprendre qu’il avait sauvé une femme d’un agresseur armé d’un fusil et que celle-ci l’avait épousé par après. Par conséquent, il fut touché au niveau de l’épaule. Il traînait sur lui un petit album de photos de lui et de son épouse un peu partout dans le monde. Je trouvais son histoire tellement belle, même si je n’ai pas tout compris.
Cela a prit environ trois heures avent qu’une décision soit unanime. Je suis bien content du choix de mon groupe je vais pouvoir raccourci d’environ sept ans ma peine dans cet endroit infernale pour avoir une meilleur vie. Ce n’était pas compliqué de détruire une galerie, mais plutôt de rester en vie. C’est facile de mettre de la dynamite dans un trou et de l’allumer mais c’est difficile de courir pour ne pas se faire écraser. Personne risquerait sa vie, sauve moi. J’avais prit la décision de porté tout le poids sur mes épaules. Ce serait moi qui allais allumer la dynamite et sûrement mourir. J’étais le plus jeune donc le plus rapide. John et Jean s’occupait de creuser un trou, Young fabriquait la dynamite avec une mèche légèrement plus longue et Grégoire s’assurait que tout soit la et que j’aille assez d’espace pour m’enfuir.
M. Lavois fit sortir tout le monde sauf n’autre petit groupe. Mais pour assurer la survie des autres je leur ai demandé de monté dans la première galerie pour être sur qu’il aille seulement moi qui puise mourir si il arrive un pépin. Toute mon équipe me souhaitait bonne chance. Jean me donna son collier avec la Sainte Vierge pour que dieu soit avec moi et tous prière même Young et John qui n’étaient même pas catholique. John me donna lui une pièce où c’était écrit « live, love, laugh ». Tout le monde me baisa sur le front et partit dans l’ascenseur.
Je marchai jusqu’à la mèche de la dynamite, l’allumai et courus en direction opposée sans me poser de questions. Je voyais la mort derrière moi et ma vie devant moi. J’avais l’impression de voir ma vie se dérouler dans ma tête en mode répéter. Je crois que je n’ai jamais couru aussi vite depuis l’explosion survenue. Je me suis élancé pour pouvoir atteindre l’ascenseur puis Jean l’actionna car je lui avais dit que quand il entendrait l’explosion, que je sois dans l’ascenseur ou non, de le remonter quand même. J’avais l’impression que le temps s’était arrêté, je ne savais pas si j’étais mort ou non. Jean en me voyant, me gifla sur la joue pour savoir si j’étais vivant et c’est là que j’ai réalisé que je n’étais pas mort et que j’étais libre maintenant.
La première chose que j’ai fait c’est d’évacuer le stress en allant pisser dans un coin puis après j’ai pleuré ma vie; des torrents de larmes coulaient sur mes joues. Je ne réalisais pas que j’étais libre et que je venais de libérer quatre autres personnes. J’étais comme un super héros dans les BD. Deux galeries avaient été détruites mais cela n’était plus important car on pouvait sortir de cet enfer. Il nous restait qu’à monter une trentaine de marches pour arriver à voir le jour. J’eus le privilège de sortir en premier. On était comme cinq démons qui avaient été libérés de l’enfer.
Mais pire nous attendait dehors. Pendant que nous étions dans la mine, la première guerre mondiale avait éclatée.